BIBLIOTHÈQUE FRANÇAISE.

ABRÉGÉ
DE
L'HISTOIRE GÉNÉRALE
DES VOYAGES;

Par J.-F. LAHARPE.

TOME SIXIÈME.

Enseigne de l'éditeur.

PARIS,
MÉNARD ET DESENNE, FILS.
1825.

(p. 1) ABRÉGÉ
DE
L'HISTOIRE GÉNÉRALE
DES VOYAGES.

SECONDE PARTIE.
ASIE.

LIVRE DEUXIÈME.
CONTINENT DE L'INDE.

CHAPITRE VI.

Guzarate, Cambaye et Visapour.

Nous continuons de parcourir les dépendances du Mogol situées dans lapartie occidentale, retournant sur nos pas du Coromandel à la côte duMalabar, et nous allons suivre le (p. 2) voyageur Mandelslo dans leGuzarate, à Cambaye et à Visapour, avant d'entrer dans l'intérieur del'empire mogol, proprement nommé l'Indoustan.

On nous représente Mandelslo comme un de ces voyageurs extraordinairesdans qui le désir de parcourir le globe de la terre est une passion,et qui lui sacrifient jusqu'à l'espérance de leur fortune. Il était néd'une famille distinguée dans le duché de Mecklembourg; et dèsl'enfance il avait été page du duc de Holstein. Ce prince ayant prisla résolution d'envoyer une ambassade en Moscovie et en Perse, lejeune Mandelslo marqua tant d'empressement pour visiter des régions sipeu connues dans sa patrie, qu'il obtint la permission, non-seulementde faire ce voyage à la suite des ambassadeurs, en qualité degentilhomme de la chambre du duc, mais encore de se détacher del'ambassade aussitôt que la négociation serait terminée en Perse, etd'exécuter le dessein qu'il avait de visiter le reste de l'Asie.

Il s'embarqua le 6 avril 1638, à Bender-Abassi, sur un navire anglaisde trois cents tonneaux et de vingt-quatre pièces de canon, avec deuxmarchands anglais nommé Hall et Mandley, que le président du comptoirde Surate faisait venir d'Ispahan pour les affaires de leur compagnie.Nous passerons les détails de sa route pour le transporter tout desuite dans le Guzarate.

(p. 3) Amedabad, capitale de ce royaume, est située à 23 degrés 32minutes nord, à dix-huit lieues de Cambaye, et quarante-cinq deSurate, sur une petite rivière qui se perd dans l'Indus à peu dedistance de ses murs. Cette ville est grande et bien peuplée. Sacirconférence est d'environ sept lieues, en y comprenant les faubourgset quelques villages qui en font partie. Ses murs sont fort larges,ses édifices ont un air étonnant de grandeur et de magnificence,surtout les mosquées et le palais du gouverneur de la province. On yfait une garde continuelle, et la garnison est considérable, par lacrainte où on est des Badoures, peuples éloignés d'environ vingt-cinqlieues, qui ne reconnaissent point l'autorité du Mogol, et qui se fontredouter de ses sujets par leurs incursions.

L'Asie n'a presque point de nation ni de marchandises qu'on ne trouvedans Amedabad. Il s'y fait particulièrement une prodigieuse quantitéd'étoffes de soie et de coton. À la vérité, les ouvriers emploientrarement la soie du pays, et moins encore celle de Perse, qui est tropgrosse et trop chère; mais ils se servent de soies chinoises, qui sonttrès-fines, en les mêlant avec celle du Bengale, qui ne l'est pastant, quoiqu'elle le soit plus que celle de Perse. Ils font aussi desbrocarts d'or et d'argent; mais ils y mêlent trop de clinquant, ce quiles rend fort inférieurs à ceux de Perse. Depuis que Mandelslo étaitarrivé à Su

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!