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LOUIS FRÉCHETTE

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UNE RENCONTRE

ROMAN DE DEUX TOURISTES
SUR LE SAINT-LAURENT ET LE SAGUENAY

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TRADUCTION DE

A   C H A N C E   A C Q U A I N T A N C E
-DE-
W.   D.   H O W E L L S

MONTREAL
Société des Publications Françaises, 25 rue St-Gabriel.
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1893

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I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI, XII, XIII, XIV.

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UNE RENCONTRE

ROMAN DE DEUX TOURISTES SUR LE

SAINT-LAURENT ET LE SAGUENAY.

I

En Remontant le Saguenay

Sur le gaillard d’avant du bateau à vapeur qui devait quitter Québec lemardi, à sept heures du matin, Mlle Kitty Ellison attendait le momentjoyeux du départ, tranquillement assise, et sans manifester tropd’impatience; car, en réalité, si l’image du Saguenay n’eût brillédevant elle avec toutes ses promesses attrayantes, elle aurait trouvé leplus grand des bonheurs à contempler simplement le Saint-Laurent etQuébec.

Le soleil versait une lumière chaude et dorée sur la haute-villeceinturée de murs grisâtres, et sur le pavillon de la citadelle endormile long de son mât, tout en lustrant d’un rayon plein de caresses lestoits en fer-blanc de la basse-ville.

Au sud, à l’est et à l’ouest s’échelonnaient des monts à teinte violetteet des plaines parsemées de maisons blanches, avec des effets d’ombreset de rayonnements humides à réjouir le cœur le plus morose.

En face, le fleuve berçait mille embarcations de toute sorte, et seperdait mystérieusement, dans le lointain, sous des couches de vapeursargentées.

De légers souffles brumeux, ainsi que des flammes aériennes etincolores, s’élevaient de la surface de l’eau, dont les profondeursmêmes semblaient tout imprégnées de lueurs chatoyantes.

Non loin, un gros navire noir levait son ancre en déployant ses voiles,et la voix des matelots arrivait douce et triste—et pourtant pleined’un charme étrange—aux oreilles de la jeune fille pensive, dont lerêve suivait par anticipation le vaisseau dans sa course autour duglobe, et revenait instantanément sur le pont du vapeur qui devait laconduire au Saguenay.

Elle était un peu penchée en avant, les mains tombantes sur ses genoux;et ses pensées vagabondes voltigeaient, suivant leur caprice, desouvenirs en espérances, autour d’une idée principale: la conscienced’être la plus heureuse des jeunes filles, favorisée au-delà de sesdésirs et de son mérite.

Être partie, comme elle, pour une simple promenade d’une journée à{4}Niagara, et avoir pu, grâce à la garde-robe d’une cousine, s’aventurerjusqu’à Montréal et Québec; être sur le point de voir le Saguenay, avecla

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