MICHEL ZÉVACO

LES PARDAILLAN-6




Les amours du Chico




I

LES IDÉES DE JUANA

Nous avons dit que Pardaillan, mettant à profit le tempspendant lequel les conjurés se retiraient, avait eu unentretien assez animé avec le Chico.

Pardaillan avait demandé au petit homme s'il n'existaitpas quelque entrée secrète, inconnue des gens quise trouvaient en ce moment dans la grotte, par où lui,Pardaillan, pourrait entrer et sortir à son gré.

Le nain s'était d'abord fait tirer l'oreille. Pour lui, pénétrerseul et sans autre arme qu'une dague dans cetantre, c'était une manière de suicide. Il ne pouvait pascomprendre que le seigneur français, qui venait d'échapperpar miracle à une mort affreuse, s'exposât ainsi,comme à plaisir.

Mais Pardaillan avait insisté, et, comme il avait unemanière à lui, tout à fait irrésistible, de demander certaineschoses, le nain avait fini par céder et l'avaitconduit dans un couloir où se trouvait, affirmait-il, uneentrée que nul autre que lui ne connaissait.

On a vu qu'il ne se trompait pas, et qu'en effet laFausta ni les conjurés ne connaissaient cette entrée.

Pendant que Pardaillan était dans la salle, le nain,horriblement inquiet, se morfondait dans le couloir, lamain posée sur le ressort qui actionnait la porte invisible,ne voyant et n'entendant rien de ce qui se passait del'autre côté de ce mur, contre lequel il s'appuyait, sedoutant cependant qu'il y aurait bataille, et attendant,angoissé, le signal convenu pour ouvrir la porte etassurer la retraite de celui qu'il considérait maintenantcomme un grand ami.

Lorsque Pardaillan frappa contre le mur les troiscoups convenus, le nain s'empressa d'ouvrir et accueillitle chevalier triomphant avec des manifestations d'unejoie aussi bruyante que sincère, qui l'émurent doucement.

—J'ai bien cru que vous ne sortiriez pas vivant delà-dedans, dit-il, quand il se fut un peu calmé.

—Bah! répondit Pardaillan en souriant, j'ai la peautrop dure, on ne m'atteint pas aisément.

—J'espère que nous allons nous en aller, maintenant?fit le Chico qui tremblait à la pensée que leFrançais ne s'avisât de s'exposer encore, bien inutilement,à son sens.

A sa grande satisfaction, Pardaillan dit:

—Ma foi, oui! Ce séjour est peut-être agréable pourdes bêtes de nuit, mais il n'a rien d'attrayant et il esttrop peu hospitalier pour d'honnêtes gens comme Chico.Allons-nous-en donc!

Le soleil se levait radieux, lorsque Pardaillan, accompagnéde Chico, fit son entrée dans l'auberge de la Tour.

Dans la vaste cheminée de la cuisine, un feu clairpétillait, et la gouvernante Barbara, pour ne pas en perdrel'habitude, maugréait et bougonnait contre les jeunesmaîtresses qui ne veulent en faire qu'à leur tête, et qui,après avoir passé la plus grande partie de la nuit debout,sont levées les premières et parées de leurs plus beauxatours, gênent les serviteurs honnêtes et consciencieuxacharnés à leur besogne.

C'est qu'en effet la petite Juana était descendue la première,n'ayant pu trouver le repos espéré.

Elle était bien pâle, la petite Juana, et ses yeux cernés,brillants de fièvre, trahissaient une grande fatigue... oupeut-être des larmes versées abondamment. Mais, siinquiète, si fatiguée et si désorientée qu'elle fût, la coquetterien'avait pas cédé le pas chez elle. Et c'est paréede ses plus riches et de ses plus beaux vêtements, soigneusementcoiffée, finement chaussée, qu'elle allait etvenait, ayant toujours l'oeil et l'oreille tendus vers laporte d'entrée, comme si elle eût attendu quelqu'un.

C'est ainsi qu'elle vit parfaitement, et du premier coupd'oeil, entrer Pardaillan, flanqué de Chico, l'air tr

...

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