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François Coppée
(1842-1908)
Table des matières
I
Promenades et Intérieurs
II
Mon père
Compliment
Morceau à quatre mains
Adagio
L'amazone
Ritournelle
La ferme
La cueillette des cerises
Le rêve du poète
La mémoire
Réponse
À un ange gardien
Romance
Lettre
Février
Avril
Mai
Juin
Août
Décembre
III
En faction
Le chien perdu
Tableau rural
Croquis de banlieue
Cheval de Renfort
Au bord de la Marne
Rythme des vagues
Matin d'octobre
Musée de marine
Nostalgie parisienne
IV
À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou
Écrit sur l'Album des Chats d'Henriette Ronner
Promenades et Intérieurs
Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
De ce que la plupart appelleraient des riens.
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu'on rêve,
Qui laisses s'écouler le temps et trouves brève
Cette succession de printemps et d'hivers,
Lecteur mélancolique et doux, à toi ces vers!
Ce sont des souvenirs, des éclairs, des boutades,
Trouvés au coin de l'âtre ou dans mes promenades,
Que je te veux conter par le droit bien permis
Qu'ont de causer entre eux deux paisibles amis.
* * * * *
Prisonnier d'un bureau, je connais le plaisir
De goûter, tous les soirs, un moment de loisir.
Je rentre lentement chez moi, je me délasse
Aux cris des écoliers qui sortent de la classe;
Je traverse un jardin, où j'écoute, en marchant,
Les adieux que les nids font au soleil couchant,
Bruit pareil à celui d'une immense friture.
Content comme un enfant qu'on promène en voiture,
Je regarde, j'admire, et sens avec bonheur
Que j'ai toujours la foi naïve du flâneur.
* * * * *
C'est vrai, j'aime Paris d'une amitié malsaine;
J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine.
Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
Je rêve d'un faubourg plein d'enfance et de jeux,
D'un coteau tout pelé d'où ma Muse s'applique
À noter les tons fins d'un ciel mélancolique,
D'un bout de Bièvre, avec quelques champs oubliés,
Où l'on tend une corde aux troncs des peupliers
Pour y faire sécher la toile et la flanelle,
Ou d'un coin pour pêcher dans l'île de Grenelle.
* * * * *
J'adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers dès longtemps démolis.
Ô vanité! Le nom du marchand que j'y lis
Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
Je m'attarde. Il n'est rien ici qui ne me plaise,
Même les pissenlits frissonnant dans un coin.
Et puis, pour regagner les maisons déjà loin,
Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,
Je prends un chemin noir semé d'écailles d'huîtres.
* * * * *
Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois
À la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l'hiver mono