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LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF MICHIGAN

LETTRE DE M. L'ABBÉ FORTIS À MYLORD COMTE DE BUTE, SUR LES MOEURS ET USAGES DES MORLAQUES, APPELLÉS MONTENEGRINS.

À BERNE, CHEZ LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE.M DCC LXXVIII

MYLORD,

Pendant votre séjour parmi nous, vous aurez souvent entendu parler desMorlaques comme d'un peuple féroce, inhumain, stupide, & capable decommettre tous les crimes. Vous me taxerez, peut-être, de témérité,d'avoir dirigé mes voyages dans un pays habité par une nation semblable?

Les habitans[1] des villes maritimes de la Dalmatie, racontent uneinfinité d'actions cruelles de ce peuple, qui, livré à une rapacitéhabituelle, s'est porté, souvent, à des excès atroces. Mais ces faitsraportés, ou sont d'anciennes dattes, ou, s'il y en a d'arrivés dans destems plus modernes, les circonstances prouvent qu'il faut les attribuerplutôt à la corruption de quelques individus, qu'au mauvais caractèrede la nation en général. Dans les dernières guerres contre les Turcs,les Morlaques peuvent avoir pris l'habitude de voler et d'assassinerimpunément, et avoir donné, après la paix, quelques tristes exemples decruauté et d'un naturel féroce. Mais quelles troupes, revenues d'uneguerre, qui semble autoriser toutes les violences contre un ennemi, n'ontpas peuplé les forêts et les grand chemins de voleurs et de meurtriers?Je crois devoir une apologie à une nation, qui m'a fait un si bon accueil,et qui m'a traité avec tant d'humanité. À cet effet, je n'ai qu'à racontersincèrement ce que j'ai observé de ses moeurs et de ses usages. Mon récitdoit paroître d'autant plus impartial, que les voyageurs ne sont que tropenclins à grossir les dangers, qu'ils ont courus dans les pays qui ontfait l'objet de leurs recherches.

[Note 1: l'orthographe et la ponctuation propres au manuscrit originalsont conservées dans la présente édition.]

§. I.

De l'origine des MORLAQUES.

L'origine des Morlaques, répandus aujourd'hui dans les vallées riantesde Kotar; le long des rivieres de Kerka, de Cettina, de Naventa, &dans les montagnes de la Dalmatie intérieure[2], est envelopée dans lanuit obscure des siècles barbares. Il en est de même à l'égard de celle deplusieurs peuples, qui, à cause de leur ressemblance avec les Morlaquesdans la langue & dans les Moeurs, paroissent composer une seule nation,étendue depuis le Golfe de Venise jusqu'à la mer Glaciale. Les émigrationsdes différentes tribus des peuples Slaves, qui sous le nom de Scythes,de Getes, de Goths, de Huns, de Slavini, de Croates, d'Avares,de Vandales, ont inondé les provinces Romaines du tems de la décadencede l'Empire, ont vu troubler étrangement la généalogie des nations quidans des siècles plus reculés, se sont emparées peut-être des mêmes paysde la même manière[3]. Les restes des Ardiées, des Autariates, & desautres peuples Illiriens, anciennement établis, en Dalmatie & toujoursimpatiens du joug des Romains, se seront joints volontairement à cesconquérans étrangers dont la langue, & les moeurs ressembloient si fort àcelles du peuple conquis[4

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