L'Illustration, No. 0022, 29 Juillet 1843
Nº 22. Vol. I.--SAMEDI 29 JUILLET 1843. Bureaux, rue de Seine, 33.--Réimprimé. Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque Nº 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Ab. pour les Dép.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr. Un an, 32 fr. pour l'Étranger. - 10 - 20 - 40
SOMMAIRE.--Révolution du Mexique. Le général Santa-Anna. Portrait deSanta-Anna; Santa-Anna et son aide-de-camp Arista.--Courrier deParis.--Le Sapeur-Pompier. Costume de Service; Grande Tenue; Attributs;te Sinistre; Manoeuvre de l'Échelle à crochets; Appareil Paulin;Manoeuvre du Sac de sauvetage.--Une Mort. Nouvelle.--Anniversaire deJuillet. Les Fêtes politique. Monument de Farey; Galerie des Tombeauxsous la Colonne de Juillet; Distribution de secours.--La foire deBeaucaire. Gitanos, marchands d'ânes; Foire de Beaucaire.--PoètesItaliens contemporains. H. G. Berchet.--Théâtres. Les Demoiselles deSaint-Cyr; Lénore; madame Barbe-Bleue; Francesca. Une Scène de Lénore;deux Scènes de madame Barbe-Bleue.--Revue algérienne.Mohammed-el-Mezari; Mohammed-el-Aboudi.--Bulletinbibliographique.--Annonces,--Modes.--Correspondance. --Enfant enlevé parun Ballon. Gravure.--Rébus.
Le chemin qui conduit de Vera-Cruz, à Mexico longe, en commençant, lesbords de la mer, traverse une plage, sablonneuse qui s'arronditgracieusement autour d'une petite baie aux vagues azurées, puis se perd,après quelques détours, dans une vaste forêt dont on voit à l'horizonles masses de verdure. Le voyageur qui, après avoir suivi la grève oùles flots déferlent avec un murmure imposant, pénètre sous ces arcadesnaturelles, entend encore le bruissement de l'Océan répété par lesfrémissements du feuillage; c'est la voix de la mer qui alterne aveccelle des grands arbres. Il prête alors avec ravissement l'oreille àcette double harmonie, et s'abandonne, selon sa manière de voyager, aubalancement de la voiture, au trot de son cheval ou au roulis de salitière. Il aperçoit de temps à autre, à travers les fourrés épais, lacroupe luisante d'une génisse, ou les cornes recourbées d'un taureau àmoitié sauvage, qui montre un instant son mufle humide et noir, ses yeuxétonnés, et disparaît en faisant craquer dans sa fuite les lianesentrelacées, en broyant sous ses pieds les clochettes des cobées et lesgrandes palmes vertes des lataniers. Si l'étranger demande à son guided'où viennent ces troupeaux en si bon état, le guide lui répondra qu'ilsappartiennent à l'hacienda (grande ferme) de Manga de Clavo, et quel'hacienda de Manga de Clavo appartient au général Santa-Anna.
C'est au sein de cette habitation que l'homme qui depuis 1821 a attachéson nom à toutes les révolutions du Mexique, qui en a été le chef oul'instrument, vient tour à tour, victorieux ou vaincu, rassasié derenommée ou avide de bruit, fatigué de la vie des camps on del'administration politique, se reposer de ses travaux, de ses défaitesou de ses victoires; c'est là qu'il mûrit de nouveaux plans, qu'ilremplace ses antipathies politiques par des amitiés personnelles, qu'ilmédite de renverser ceux qu'il a élevés, d'élever ceux qu'il arenversés. C'est là que, pendant des mois, des année