Les traducteurs et l’éditeur déclarentréserver leurs droits de traduction et de reproduction pour tousles pays, y compris la Suède et la Norvège.
Cet ouvrage a été déposé auMinistère de l’Intérieur (section de la librairie),en juillet 1899. [V]
Dans cet horrible drame qu’est l’histoire de laRévolution philippine, une figure se détache, noble etpure entre toutes, celle de José Rizal.
Savant, poète, artiste, philologue, écrivain, quisait quelles belles œuvres, émancipatrices etfécondes, ce Tagal, cet homme de couleur, ce«sauvage», aurait pu donner à sa patrie et àl’humanité si la barbarie européenne nel’avait stupidement tué?
C’était en effet un talent, une énergie, uneforce que ce jeune élève de l’Ateneo Municipalqui, à treize ans, à peine sorti de son pueblo natalde Calamba, composait un mélodrame en vers, Junto al Pasig,qu’applaudissait la sociétéélégante de Manille; que cet adolescent qui, avec uneode, A la Jeunesse Philippine, remportait d’abord lepremier prix au concours du «Liceo Artistico-Literario», ettriomphait encore dans un tournoi littéraire organiséà l’occasion du centenaire de Cervantes, avec unecomposition en prose, le Conseil des Dieux, empreinte du pluspur hellénisme.
Mais la pauvre science que les Jésuites—plusgénéreux pourtant que leurs rivaux des autresCongrégations—distribuaient avec parcimonie à leursélèves ne pouvait lui suffire. Il lui fallait boire auxsources mêmes de la pensée; pour satisfaire cetteâme ardente, il fallait toute la flamme de nos grands foyersscientifiques d’Europe. Et, en 1882, ayant à peinedépassé ses vingt ans, il part pour l’Espagne. AMadrid, il a rapidement conquis les grades de Docteur enMédecine et de Licencié en Philosophie et Lettres. Alors,il visite les grandes nations européennes, s’adonnant avecpassion à la philologie. A ses deux langues maternelles, letagal et le castillan, il avait, au cours de ses études [...