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PUBLIÉES PAR M. Paulin Pâris
De l'Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres.
1837.
* * * * *
L'auteur des Gesta Dagoberti est le dernier historien des roisMérovingiens. Ce n'est pas qu'il ait écrit long-temps avant le secondcontinuateur de Frédégaire ou l'auteur des Gesta Regum Francorum; mais,seul de tous les annalistes qui nous ont parlé des successeurs de Dagobert,il ne semble pas dévoué aux intérêts de la nouvelle famille dontl'ascendant tendoit à faire disparoître l'astre de Clovis; c'est même à luiseul que nous devons la révélation des sentiments pieux et charitables deClovis II. L'abbé de Vertot, qui l'a fort maltraité dans une dissertationsystématique[1], lui reproche d'avoir le premier répandu la fable de ladémence de Clovis II: je pencherois plutôt à croire qu'il a seulement tentéde donner une explication morale au scandale d'une démence bien réelle, enl'attribuant aux effets de la dévotion indiscrète du roi pour les reliquesde saint Denis. Jusqu'au XIIIème siècle, époque de rénovation religieuse,la tendance des moines étoit de présenter pour des événements bien connusdes causes surnaturelles étroitement liées aux intérêts monastiques. Tellefut la source de la chronique de Turpin; de la relation du voyage deCharlemagne à Jérusalem; du récit de la damnation de Charles Martel, etenfin de la plus grande partie des Gesta Dagoberti.
Note 1: Mémoires de l'Académie des Inscriptions. Tome IV, in-4°.
A compter de cet anonyme, si curieux de la gloire de l'abbaye deSaint-Denis et dont le récit offre un mélange de traditions vulgaires, delégendes pieuses et de souvenirs véridiques, l'histoire de France tombeentre les mains des ennemis de la race mérovingienne. Les successeurs deClovis II disparoissent de la scène active du monde, et l'on ne dit pasmême comment Clovis II mourut. On lui prodigue les outrages, on lui donnel'épithète d'insensé qu'il peut avoir méritée dans les dernières années desa courte existence, mais dont chacun de ses successeurs légitimes nedevoit pas être responsable. C'est à qui fera le plus de reproches à cesderniers, dont les droits légitimes étoient, après tout, le véritablecrime. Ils avoient les mains liées, on les blâme de leur fainéantise; ilsétoient gardés à vue dans de lointaines maisons de campagne, on les accusede vivre au sein de la mollesse. «A quoi bon,» disoit-on autour des mairesdu palais, «des rois qui ne règnent pas, des enfants qui prétendentgouverner des hommes?» Puis, si le Mérovingien prenoit des années oufaisoit mine de vouloir détacher ses mains enchaînées, on lui donnoitsecrètement un breuvage, ou bien on