LA COUR DE LOUIS XIV



Imbert de Saint-Amand




Versailles en 1688. Vue des étangs de la butte de Montboron.
(D'après Martin.)


LA COUR DE LOUIS XIV



Imbert de Saint-Amand



INTRODUCTION



I

«Vous voulez du roman, dit un jour M. Guizot;que ne vous adressez-vous à l'histoire?» Le grandécrivain avait raison. Le roman historique est maintenantdémodé. On se lasse de voir défigurer lespersonnages célèbres, et l'on partage l'avis de Boileau:

Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.

Y a-t-il, en effet, des inventions plus saisissantesque la réalité? Un romancier, si ingénieux qu'il soit,trouvera-t-il des combinaisons plus variées et desscènes plus émouvantes que les drames de l'histoire?L'esprit le plus fécond imaginerait-il, parexemple, des types aussi curieux que ceux des femmesde la cour de Louis XIV et de Louis XV? Sans doute leur histoire est connue. Je n'ai pas la prétention derecommencer la biographie de la reine Marie-Thérèse,de Mme de Montespan, de la mère du Régent,de la duchesse de Bourgogne, de la duchesse deBerry, des soeurs de Nesle, de Mme de Pompadour,de Mme du Barry, de Marie Leczinska, de Marie-Antoinette,de Madame Élisabeth, de la princesse de Lamballe.Mais je voudrais, sans décrire l'ensemble deleur carrière, tenter de tracer l'esquisse des héroïnesqui peuvent être appelées: les femmes de Versailles.

Pour ce travail de reconstruction, ce ne sont pasles matériaux qui manquent, ils sont plutôt trop abondants.Ce ne sont pas seulement les anciens mémoires,ceux de Dangeau, de Saint-Simon, de la princessePalatine, de Mme de Caylus pour le règne de Louis XIV;du duc de Luynes, de Maurepas, de Villars, du marquisd'Argenson, du président Hénault, de l'avocatBarbier, de l'avocat Marais, de Duclos, de Mme duHausset pour le règne de Louis XV; du baron deBezenval, de Mme Campan, de Weber, du comte deSégur, de la baronne d'Oberkirch pour le règne deLouis XVI, qui nous serviront de guide. Ce sontencore les Histoires de Voltaire, de Henri Martin,de Michelet, de M. Jobez; les patientes investigationsde la science moderne, les travaux des Sainte-Beuve,des Noailles, des Lavallée, des Walckenaër, desFeuillet de Conches, des Le Roi, des Soulié, desRousset, des Pierre Clément, des d'Arneth, desGoncourt, des Lescure, de la comtesse d'Armaillé,de MM. Boutaric, Honoré Bonhomme, Campardon,de Barthélemy et de tant d'autres historiens et critiquesdistingués.

Assurément, il y a nombre de personnes qui connaissentà fond l'inventaire de tous ces trésors. A detels érudits je n'ai la pensée de rien apprendre, etje ne suis, je le sais, que l'obscur disciple de telsmaîtres. Mais peut-être les gens du monde ne meblâmeront-ils pas d'avoir étudié, pour eux, tantd'ouvrages; peut-être des jeunes filles qui ont achevéleurs études classiques me sauront-elles gré de résumerà leur intention des lectures qu'elles ne feraientpas. Mon but serait de vulgariser l'histoire en respectantscrupuleusement la vérité, même lorsque je ne ladirai pas tout entière; de repeupler les salles désertes,de résumer brièvement les leçons de morale, de psychologie,de religion, qui sortent du plus grandiosedes palais.

Puissent les femmes de Versailles être pour moiautant d'Arianes dans ce merveilleux labyrinthe!

Ce qui facilite la résurrection des femmes de la courde Louis XIV et de Louis XV, c'est la conservationdu palais où se passa leur existence.

II

Une ville a rarement présenté un spectacle aus

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