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Copyright by André Maurois, 1919
PREMIÈRE PARTIE
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
DEUXIÈME PARTIE
I
II
III
IV
V
VI
VII
TROISIÈME PARTIE
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
Pour devenir un parfait
philosophe, il me manquait
surtout une passion, à la
fois profonde et pure, qui
me fit assez apprécier le
côté affectif de l'humanité.
Auguste Comte.
Au temps où le roi Louis-Philippe régnait sur les Français, M.Bertrand d'Ouville, rentier et archéologue abbevillois, revenant unmatin d'Amiens en diligence, se trouva seul dans la voiture avec unjeune homme grave et barbu, dont le chapeau en tronc de cône et legilet à la Robespierre proclamaient assez naïvement les opinionsrépublicaines.
—Excusez-moi, monsieur, dit le vieillard, dès qu'ils eurentfranchi le pavé bruyant des faubourgs, ne seriez-vous pas le nouvelingénieur de l'arrondissement d'Abbeville?
—Oui, monsieur, dit l'autre, très surpris, et examinant sansbienveillance ce petit homme à la voix précieuse.
—Ce n'est pas par curiosité, croyez-le, que je me suis permis devous interroger. Je m'occupe d'archéologie, mes recherches me mettent enrapports assez fréquents avec vos services et j'attendais votrearrivée. Je me nomme Bertrand d'Ouville.
Le jeune homme salua et dit sèchement: «Philippe Viniès». Laredingote doctrinaire, le haut col de velours noir lui inspiraient uneméfiance sévère.
—Vous paraissez très jeune, reprit le vieillard, croisantlentement ses j