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LE

CHEVALIER DE MORNAC

CHRONIQUE DE LA NOUVELLE-FRANCE 1664

JOSEPH MARMETTE

                                 MONTRÉAL
                  TYPOGRAPHIE DE «L'OPINION PUBLIQUE»
                        No. 319 RUE ST. ANTOINE

1873

A

ELZÉAR GÉRIN
HOMME DE LETTRES, DÉPUTÉ À L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Vous connaissez, mon cher ami, la double personnalité qui s'abrite sousle nom du Chevalier de Mornac; et comme à moi, les deux modèles qui ontposé pour le type de mon héros vous sont chers. Je ne puis donc fairemieux que de vous dédier ce livre qui, tout en racontant les grandesactions d'un autre âge, a la prétention de peindre, réunis en un seulpersonnage, les deux caractères les plus délicieusement gascons de notreépoque. Outre que l'orgueil légitime de l'auteur sera flatté si j'aiquelque peu réussi, mon amitié sera ravie de nous rendre encore plusprésents, tous les trois à votre excellent souvenir.

JOSEPH MARMETTE.

LE CHEVALIER DE MORNAC

PAR JOSEPH MARMETTE

INTRODUCTION

Vers l'année 1664, la Nouvelle-France venait de traverser et subissaitencore une des phases les plus douloureusement critiques de sonhistoire. Rendus fiers et tout-puissants par le succès de leurs armée,qui, douze ans auparavant avaient anéanti la grande nation huronne, lesIroquois régnaient en maîtres sur le territoire du Canada. Tandis queles guerriers des cinq cantons Iroquois tenaient en état de blocusMontréal, Trois-Rivières et Québec, villes qui n'étaient encore que depetits bourgs mal protégés par des palissades de pieux, leurs bandes demaraudeurs assassinaient les laboureurs isolés dans les campagnes.

Bien loin de songer à attaquer, les colons français ne se défendaientqu'avec peine. Tel était le découragement et si grande la terreuruniverselle, que les émigrés parlaient d'abandonner ce pays demalédiction pour retourner en France.

La situation semblait en effet désespérée.

Négligée par la compagnie des Cent-Associés, qui ne songeait qu'à latraite des pelleteries, affaiblie par les dissensions entre lesgouverneurs et l'autorité ecclésiastique, dans le Conseil-Supérieur, àQuébec, la colonie naissante se peuplait en outre si lentement qu'ellene pouvait fournir des défenseurs suffisamment nombreux pour tenir têteaux Iroquois. Il eut fallu leur opposer un corps de troupes assezimposant, et c'est à peine s'il y avait au Canada une centaine desoldats, dispersés dans les différents postes. Depuis longtemps lesgouverneurs et les jésuites demandaient à grands cris des secours. Maisleurs supplications allaient mourir sans résultat par delà l'Océan.

De prime-abord, cette indifférence de la mère-patrie doit semblerinexcusable; mais lorsqu'on se transporte de l'autre côte del'Atlantique pour jeter un coup-d'oeil sur les tumultueux évènements quibouleversaient alors le royaume de France, on s'explique cette apathie.

La mort du cardinal Richelieu, arrivée en 1642, bientôt suivie d

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