L'Illustration, No. 3669, 21 Juin 1913


(Agrandissement)

Ce numéro contient:
1° Une double page hors texte en couleurs;
2° Le premier fascicule du nouveau roman de M. Michel Provins: Un romande théâtre;
3° Un Supplément économique et financier de deux pages.


LE DERNIER REPOS SUR LE LIT DE CAMP
Au Maroc; lecommandant Bernier, tué près d'Ifrane en chargeant à la tête de sonbataillon.

Voir l'article, page 577.

Ce numéro comprend une double page en couleurs hors texte sur
LES FLORALIES DE GAND
et la première partie d'une étude sur
LA FAUNE D'AFRIQUE
illustrée de quatre pages en héliogravure; la seconde partie de cette étude, avec quatre autres pages en héliogravure, paraîtra la semaine prochaine. La plupart des numéros qui vont suivre auront d'ailleurs, comme celui-ci, des pages en couleurs.

Le prochain supplément théâtral contiendra
VOULOIR
comédie en quatre actes
de M. Gustave Guiches
qui poursuit une brillante carrière à la Comédie-Française.



COURRIER DE PARIS

LES MALLES

On les a descendues.

Les voilà dans l'antichambre, encore mal réveillées du creux et longsommeil qui les a engourdies depuis les dernières vacances. Je lesreconnais et elles n'ont pas du tout l'air de me connaître. Elles ontbeau porter, imprimées et peintes, mes initiales, en noir et en rouge,et montrer ma carte de visite suspendue, en prétention, à une de leurspoignées, dans l'étiquette de cuir, elles m'ignorent, totalement. Ellesne me témoignent pas plus de cordialité qu'à un homme d'équipe. Dénuéesde grâce et de bienveillance, elles exagèrent déjà leur pataudegrandeur. Elles encombrent, et on dirait que c'est avec plaisir,qu'elles le font exprès. Étalées dans une large indifférence et un lourdsans-gêne, elles sont là--chez moi, qui suis leur maître, qui les aichoisies, achetées, payées --comme elles seraient ailleurs, n'importeoù. Je comprends que, pour en avoir la taille et les dimensions, ellesne sauraient pourtant être des meubles, qu'il ne faut pas leurdemander le caractère intime et le bon ventre d'une commode, latendresse presque conjugale d'une armoire, la sympathie d'unbonheur-du-jour. N'ayant ni famille, ni domicile, ni foyer, ni patrie,elles ne se sentent, en effet, jamais chez elles. Ce sont desjuives-errantes. D'un égoïsme de voyageur, elles ne présentent un peu decaractère et de physionomie que dans les gares, les fourgons, sur leschariots et sur le toit des omnibus. Elles ne «vivent» que sanglées,cordées, pleines jusqu'aux bords, et seulement en cours de route,pendant le trajet. Une malle vide, et au repos, échouée au grenier, ourangée dans la chambre de débarras est une chose inouïe d'abandon, d'uneimpersonnalité inexprimable, une chose pire que morte, une chose tristeet affreuse, et décourageante, qui n'est rien... rien... et donts'écarte elle-même, prise de spleen à sa vue, la souris à jeun....

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