ANDRÉ
LE SAVOYARD

 

 

TOUS DROITS RÉSERVÉS

 

 

PARIS.—IMPRIMERIE P.-A. BOURDIER, CAPIOMONT FILS ET CIE
6, rue des Poitevins.


PAUL DE KOCK

ANDRÉ

LE SAVOYARD

 

 

colophon

 

 

PARIS
COLLECTION GEORGES BARBA
7, RUE CHRISTINE, 7
1869

 

 

ANDRÉ

LE SAVOYARD


TABLE DES CHAPITRES

CHAPITRE PREMIER

TABLEAU DE NEIGE.—LA FAMILLE SAVOYARDE.

La neige tombait par gros flocons; elle couvrait les routes, ellerendait encore plus difficiles les sentiers pratiqués dans les montagneset les chemins, souvent bordés de précipices, qui entourent la petiteville de l’Hôpital située près du Mont-Blanc.

Notre chaumière s’élevait près d’une route que le mauvais temps rendaitdéserte depuis quelques jours. Déjà plus d’un pied de neige couvrait laterre; et cependant ni moi ni mes frères ne songions à rentrer pour nousmettre à l’abri.

J’étais couché près d’un bloc de rocher; et là je me trouvais aussi bienque sur un épais gazon: mes petites mains formaient des boules avec dela neige, et les lançaient à mes frères, qui, de leur côté,m’assaillaient également de boules glacées. Pierre accroupi dans unenfoncement que formait la route, ne se montrait que rarement, tâchantde viser adroitement, et se cachant aussitôt; Jacques courait de côté etd’autre, sans se fixer à aucune place, se baissant pour ramasser de quoifaire des boules, et s’esquivant lestement après nous les avoir lancées.

Quel plaisir nous éprouvions lorsque nous parvenions à nous attraper!...Quels cris de joie quand Jacques recevait, en fuyant, de la neige surson dos; lorsque Pierre, au moment où sa petite tête blonde sortait desa cachette, était atteint à la figure par la boule qui s’éparpillaitsur son visage! Le vaincu mêlait ses ris à ceux du vainqueur; lavictoire ne coûtait jamais une larme. Pouvions-nous sentir le froid?nous étions si heureux!... et dans un âge où le bonheur est pur, parcequ’il ne s’y mêle ni souvenirs du passé ni craintes pour l’avenir.

Déjà, plusieurs fois, la voix de notre mère s’était fait entendre pournous engager à rentrer.—Nous voilà, répondions-nous tous trois. Mais aumoment de regagner notre demeure, une nouvelle boule de neige, lancéepar l’un de nous, faisait recommencer la guerre; chacun s’attaquait denouveau; les cris de joie, les éclats de la gaieté faisaient encoreretentir les échos de nos montagnes. Nos pieds étaient à demi morts defroid; nos petites mains rouges et engourdies pouvaient à peine saisiret presser cette neige, qui nous procurait de si doux passe-temps; etcependant nous ne pouvions nous résoudre à retourner près du foyer denotre chaumière.

Mais l’approche de la nuit nous force enfin à quitter notre jeu. Nousrentrons tous les trois, essoufflés, haletants, et encore rayonnants deplaisir; nous courons nous blottir contre l’immense foyer devant lequelnotre père est assis sur une grande chaise, tandis que notre mère va etvient dans cette vaste pièce, l’unique du logis, et prépare la soupepour notre repas du soir, to

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