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ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE AU XIXe SIÈCLE
Texte de l'édition posthume de 1848 revu et complété d'après lesdocuments originaux et précédé d'une préface PAR PAUL SIRVEN, professeurà l'Université de Lausanne.
Publication de la Société d'édition Vinet, fondée le 23 avril 1908.
Ce premier volume des Études d'Alexandre Vinet sur la littératurefrançaise au XIXe siècle reproduit, pour l'ensemble des matières qui ysont contenues, le premier volume de l'édition de 1848 et de celle de1857 qui n'est d'ailleurs qu'une réimpression. Les premiers éditeursavaient fort judicieusement réuni en un seul tome tout ce que Vinetavait écrit ou publié sur deux auteurs dont les noms se présententtoujours associés l'un à l'autre. Nous n'avions rien à modifier à unplan qui continue à s'imposer. On trouvera donc ici le cours que Vinetprofessa à l'Académie de Lausanne en 1844 sur Madame de Staël etChateaubriand, ainsi que les articles qu'il fit paraître de 1836 à 1844sur divers ouvrages de Chateaubriand.
Pour l'établissement du texte nous avons comparé l'édition de nosprédécesseurs avec les matériaux dont ils s'étaient eux-mêmes servis[1]et nous avons rétabli le texte de Vinet dans son intégrité, partout oùl'on s'était écarté. C'est ainsi, par exemple, que nous avons complétél'un des articles sur Chateaubriand où l'on avait fait une petitecoupure; c'est ainsi que nous avons restitué au cours sur Madame deStaël quatre ou cinq mots et deux ou trois membres de phrase qui avaientdisparu. Au sujet de la petite coupure faite à l'un des articles surChateaubriand nous n'avons pas grand'chose à dire; il s'agit d'une finde paragraphe que nos prédécesseurs avaient élaguée parce que, Vinetayant transporté dans son cours une partie de cet article, la dite finde paragraphe ne se rattachait plus à rien. Nous l'avons recueillie ennote[2]. On verra qu'il valait la peine de la recueillir. Elle contienten trois ou quatre lignes une profession de foi de Vinet critique. Pource qui est des quatre ou cinq mots et des deux ou trois membres dephrase du cours sur Madame de Staël, ils ont une histoire, et unehistoire intéressante. Nous la conterons tout à l'heure. Avant d'yarriver il convient de rappeler brièvement dans quelles circonstancesVinet fut amené à professer le cours sur Madame de Staël etChateaubriand, et à publier ses articles sur divers ouvrages deChateaubriand.
Il appartenait à l'Académie de Lausanne depuis le 1er novembre 1837 enqualité de professeur de théologie pratique[3], lorsque, au commencementde l'année 1844, son collègue de littérature française, Charles Monnard,que des travaux historiques appelaient à Paris, lui demanda de lesuppléer jusqu'à Pâques. Vinet accepta. Ce ne fut sans doute pas sanshésitation. Il était déjà très chargé; d'autre part sa santé n'était pasbrillante. Mais il aimait les lettres; il les avait longtemps enseignéesà Bâle; peut-être aussi n'était-il pas fâché «d'entrer en relations plusdirectes avec les étudiants de la Faculté des lettres et sciencesjusqu'alors étrangers à ses cours[4].» Enfin, il trouverait sans doutedans ses leçons la matière de quelques articles pour le Semeur...