Le gouvernement de la province de Québec a promis de faire denouveaux efforts pour enrayer la marche de l'émigration qui dépeupleles campagnes du Canada français, au profit des centres industrielsdes États de la Nouvelle-Angleterre.
Les essais d'une administration précédente, en 1878-1879, basés surdes informations superficielles ou erronées, ont malheureusementéchoué, et les dépenses faites sont restées absolument infructueuses.Le flot d'émigration a persisté et plusieurs de nos plus richescampagnes ont gravement souffert de cet exode qui est le résultatévident d'une fausse situation économique.
L'éminent et sympathique auteur de la France aux Colonies, M.Rameau, avait déjà traité cette question, en 1859, avec la hauteautorité que chacun se plaît à lui reconnaître. Malheureusement lemouvement qu'il croyait entravé par les mesures énergiques inauguréesen 1856 s'est accentué depuis quelques années, et chacun se demandeaujourd'hui comment cela pourrait bien finir.
Les centres franco-canadiens aux États-Unis ont augmenté en nombre eten importance, et il est à peine un État, une ville ou un village, dela Nouvelle-Angleterre qui ne compte aujourd'hui des Canadiensfrançais comme députés, conseillers municipaux, avocats, notaires,médecins, marchands, etc.
Nos compatriotes sont devenus, tout en restant français de cœur etde sympathies, citoyens de la république américaine et leur influencepolitique va grandissant chaque jour chez nos voisins, qui ont apprisà les connaître et à apprécier leurs solides qualités.
Cette question de l'émigration est devenue de plus en plus complexe,et nous avons hâte de voir le gouvernement actuel à l'œuvre, afind'observer les résultats de sa politique de rapatriement.
Rien n'a été changé dans la deuxième édition de ce travail, quireste ce qu'il était en 1878. La première édition était épuisée, etl'auteur, convaincu que ce qui était déplorable il y a dix ans, l'estdavantage aujourd'hui, a cru de son devoir de contribuer à tenirl'opinion publique en éveil, sur les désastreuses conséquences d'unepolitique de laisser faire et d'indifférence de la part de ceux quisont chargés de veiller au progrès et à l'avancement de la racefrançaise, sur les bords du Saint-Laurent.
Montréal, septembre 1888.
Le livre que je présente aujourd'hui au public, sous le titre deJeanne la Fileuse, est moins un roman qu'un pamphlet; moins untravail littéraire qu'une réponse aux calomnies que l'on s'est plu àlancer dans certains cercles politiques contre les populationsfranco-canadiennes des États-Unis.
C'est pourquoi je m'empresse de déclarer que je n'ai eu qu'un but, enle publiant: celui de rétablir la vérité, tout en défendant l'honneuret le bon nom de mes compatriotes émigrés.
Je n'insisterai pas sur ce sujet délicat, car chacun sait qu'ila été de mode depuis quelques années de crier à la misère, àl'asservissement et à la décadence morale de ceux qui ont été forcéspar la famine, à prendre la route de l'exil.
Je sais que l'on dira que je favorise l'émigration et que je suisopposé au rapatriement de nos compatriotes émigrés; et c'est pourquoije m'empresse de protester d'avance contre cette imputationmensongère. Je suis et j'ai toujours été en faveur du retour au paysde mes compatriotes émigrés, mais je répète aujourd'hui ce quej'écrivais en 1874 dans les colonnes de L'Écho du Canada:
«Pour ce qui concerne la question du rapatriement, nous posonscomme principe, qu'étant données les facilités nécessaires, lesCanadiens-français...BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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