P. DUPUY



TROIS HÉROSDE LA
COLONIE DE MONTRÉAL

1887




MM. JACQUES LE MAITRE
ETGUILLAUME VIGNAL,

prêtres de Saint-Sulpice.

1659-1661




I

ARRIVÉE DE MM. LE MAITRE
ET VIGNAL EN CANADA.

MM. Jacques Le Maître et GuillaumeVignal quittèrent la Francele 2 juillet 1659, fête de la Visitation.Sur le vaisseau qui les emportait,se trouvaient Mlle Mance,revenant après sa guérison miraculeuseet amenant trois soeurshospitalières; les soeurs de Brésoles,Macé, Maillet; la soeur Bourgeoyset les soeurs Aimée Chatel,Catherine Crolo et Marie Raisinqui avec la soeur Bourgeoys formèrentle noyau de cette congrégationde Notre-Dame qui a renduà notre pays des services si inappréciables,et près de deux centspassagers.

La traversée fut très pénible; àpeine en mer, la peste se déclara surle vaisseau, qui depuis deux ans,ayant servi d'hôpital, en était infectéet un grand nombre de passagersfurent violemment atteintsde cette terrible maladie. Ce futpour les hospitalières une occasionnaturelle d'offrir leurs services poursoigner les pestiférés; dès qu'elleseurent commencé à donner leurssoins qu'on avait d'abord refusés,la mortalité diminua, pour cesserbientôt tout à fait, quoiqu'il y eûtencore beaucoup de malades. Leshospitalières ne se prodiguèrent passeules pour le soulagement des pestiférés."La soeur Bourgeoys, ditM. Dollier de Casson, fut bien cellequi travailla autant que toutes lesautres pendant toute la traverséeet que Dieu pourvut aussi de plusde santé pour cela. Les deux prêtresdu séminaire, MM. Le Maître etVignal assistaient les malades autantque leurs corps accablés parla maladie le leur permettaient.Ils soignèrent et assistèrent deuxHuguenots dont ils eurent le bonheurd'obtenir l'abjuration."

A cette affreuse maladie dontfurent plus ou moins atteints presquetous les passagers, se joignirentde terribles tempêtes et le manqued'eau douce jusqu'à l'arrivée dansle Saint-Laurent. Enfin MM. LeMaître et Vignal, après avoir débarquéà Québec le 7 septembre l659,arrivèrent à Montréal vers la findu mois et furent reçus avec degrandes démonstrations de joie partous les colons, pour qui l'arrivéed'un prêtre était toujours un grandbonheur.

Lorsque M. de Maisonneuve,venu en France en l655, demandaà M. Olier d'envoyer à Montréalquelques-uns de ses prêtres pour yprendre soin de la colonie, celui-ciaprès avoir beaucoup prié Dieu, luipromit de choisir quelques ecclésiastiquesde sa compagnie qu'ilcroirait les plus propres à cetteoeuvre apostolique. Quand sesprêtres connurent ce dessein, tousbriguèrent l'honneur de ce postepérilleux. L'un d'eux M. Le Maître,en s'offrant, lui dit qu'une fois enCanada, il courrait de toutes partspour chercher des sauvages et iraitmême les trouver dans leur pays."Vous n'en aurez pas la peine réponditM. Olier, ils viendront bienvous chercher eux-mêmes, et vousvous trouverez tellement entourépar eux que vous ne pourrez vouséchapper de leurs mains."

Ce M. Le Maître auquel M. Olierfit cette réponse prophétique étaitle même prêtre dont nous venonsde raconter l'arrivée à Montréal.

Les premières fonctions, cellesd'économe, dont il fut chargé, neparaissaient pas devoir donner raisonà la prédiction de M. Olier;aussi M. Le Maître, dont le plusgrand désir était de se dévouer àla conversion des sauvages, ne lesaccepta que par obéissance. Cependant,espérant toujours qu'il arriveraità se trouver avec les Iroquoiset qu'il pourrait exercer sonzèle évangélique, il se mit sanstarder à apprendre leur langue.Il avait pour eux la plus grandeaffection, et, si quelques-uns d'ent

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