Histoire arrivée dans les Montagnesd'Ecosse.
Par ANNE RADCLIFFE.
Traduite de l'Anglais.
SECONDE PARTIE.
A PARIS,
Chez | { | Testu, Imprimeur, rue Hautefeuille, no. 14. |
Delalain, jeune, Libraire,rue Saint-Jacques, no. 12. |
M. DCC. XCVII.
LES CHATEAUX
D'ATHLIN
ET DE
DUNBAYNE ;
Histoire arrivée dans lesMontagnes d'Ecosse.
Histoire de la baronne de Malcolm.
Louise, baronne de Malcolm, descendaitd'une ancienne et honnête famillede Suisse. Son père (le marquisSt.-Clair) avait hérité de cette bravoureet de cette vertu qui avaient siéminemment distingué ses ancêtres. Ilavait perdu de bonne heure une femmequ'il aimait tendrement, et toute sa consolationsemblait concentrée dans l'éducationdes enfans chéris qu'elle avaitlaissés après elle. Son fils, élevé pourl'état militaire dans lequel il s'étaitlui-même si honorablement conduit,avait péri au service de sa patrie avantd'être parvenu à sa dix-neuvièmeannée ; sa fille aînée était morte dansl'enfance ; Louise avait seule survécuau reste de sa famille. Son châteauétait situé dans une de ces vallées délicieusesdes cantons, où l'on rencontrecet heureux assemblage du beau et dusublime ; où les traits magnifiques dupaysage sont encore relevés par le superbecontraste des forêts altières etdes douces prairies à travers lesquellesserpentent de clairs ruisseaux, et parl'aspect paisible de la chaumière. Lemarquis était alors retiré du service ;ses cheveux blancs annonçaient son âgevénérable. Sa résidence était le rendez-vousde tous les étrangers de distinction,qui, attirés par les qualités réuniesdu soldat et du philosophe, trouvaientdans sa maison cette hospitalité si naturelleaux gens de son pays. De cenombre était le feu baron de Malcolm,frère du chef actuel, qui voyageaitalors en Suisse. La beauté de Louise,jointe à l'élégance d'un esprit supérieurementcultivé, toucha le cœurdu baron, et il la demanda en mariage.Le bon sens et la bonté du caractèrede celui-ci avaient attiré l'attentiondu marquis, tandis que les gracesde sa personne et de son esprit luiavaient mérité dans le cœur de Louiseune préférence marquée sur ses rivaux.Le marquis ne voyait qu'une objection,c'était également celle de Louise :ils ne pouvaient supporter la penséede la distance qui devait les séparer.Louise était pour lui le dernier soutiende sa vieillesse, et le marquis étaitpour Louise le père et l'ami à qui jusqu'alorsson cœur avait été entièrementdévoué, et dont elle ne pouvaits'arracher qu'avec des angoisses égalesà son attachement.
Ce fut là un obstacle insurmontablejusqu'à ce que la tendresse du baroneût trouvé un moyen de l'écarter, enproposant au marquis de quitter laSuisse et de venir résider avec sa filleen Ecosse.
L'attachement de ce dernier pourson pays natal, cette fierté que l'onéprouve en habitant le domaine de sespères, eurent de la peine à c