LIBRAIRIE HACHETTE
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
A LA MÊME LIBRAIRIE
HISTOIRE DE FRANCE ILLUSTRÉE,
publiée sous la direction de M. E. Lavisse
TOME VI
par M. Jean-H. MARIÉJOL
1re Partie.--LA RÉFORME ET LA LIGUE.
L'ÉDIT DE NANTES.
2e Partie.--HENRI IV ET LOUIS XIII.
Deux volumes in-8 illustrés, chaque volume:
Broché... 20 fr.; Relié... 35 fr.
Tous droits de traduction, de reproduction,
et d'adaptation réservés pour tous pays.
Copyright, par Librairie Hachette, 1920.
Cette biographie n'est ni un plaidoyer, ni un réquisitoire, ni unesatire, ni un panégyrique, mais une histoire aussi objective quepossible de la vie et du gouvernement de Catherine de Médicis.
Le sujet n'a jamais été traité en son ensemble et il est en effet vaste,complexe et divers. Née d'un père florentin et d'une mère française,élevée en Italie jusqu'à l'âge de quatorze ans et depuis fixée en Francepar son mariage avec un fils de François Ier, Catherine participait dedeux pays et de deux civilisations. Épouse aimante, docile, effacéed'Henri II et Reine-mère très puissante, elle dirigea presquesouverainement les affaires du royaume, pendant plus d'un quart desiècle, au nom de Charles IX et d'Henri III, ses fils. La lutte entre leparti protestant et l'État catholique commençait quand elle prit lepouvoir, et elle le garda jusqu'à sa mort parmi les résistances, lestroubles et les guerres que provoqua dans toutes les provinces et danstoutes les classes le conflit des passions religieuses, des intérêtspolitiques, des ambitions personnelles.
Mais l'œuvre est difficile moins par son étendue et sa variété que parl'effort d'impartialité quelle exige. Le massacre de la Saint-Barthélemyest si odieux que l'horreur en rejaillit sur tous les actes de celle quile décida et qu'on a peine à se défendre de la juger uniquement surcette crise de fureur. L'excès contraire, et celui-là inexcusable, ceserait, par réaction contre cet instinct d'humanité, de vouloirl'absoudre et l'innocenter en tout. Mais, tout en répugnant au paradoxed'une réhabilitation, on a bien le droit de se demander si ce crime del'ambition et de la peur est l'indice d'une nature perverse. La plupartdes historiens représentent cette grande coupable comme indifférente aubien et au mal, n'aimant rien ni personne, fausse, perfide etfoncièrement cruelle, en un mot, comme une criminelle-née. Ils ont l'aird'oublier qu'elle passait pour douce et bénigne et qu'au début de songouvernement elle se montra capable de bonnes intentions et de bonnesactions. J'ai vérifié les causes de cette réprobation absolue etj'expose ici le résultat de mes recherches. Je pense avoir découvert uneCatherine assez différente du Machiavel féminin de la légende ou del'histoire et qui n'est ni si noire ni si grande. Peut-être me suis-jetrompé, mais c'est de très bonne foi, et l'on se convaincra, jel'espère, après m'avoir lu jusqu'au bout, que mon erreur, si erreur il ya, n'est pas sans excuses.
Avant que la correspondance de Catherine de Médicis fût publiée, jen'aurais eu ni le moyen ni même l'idée d'écrire ce livre. Les lettres,surtout les lettres familières, où l'on n'a pas intérêt à dissimuler,sont la source d'information la plus sûre sur les pensées et lesarrière-pensées. La plupar