En Sibérie : Tchéliabinsk.—Tomsk.—La Taïga.—LaSibérie souriante.—Irkoutsk-la-Blanche.—Le Royaumedu thé.—Le Bassin de l'Amour.—Flânerie de retour.
Un vol. in-18 jésus (2e édition), avec une carte en couleur
et 22 gravures hors texte, broché 4 fr
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J'ai fait en Russie, depuis 1892, trois séjoursprolongés ; j'ai parcouru cette immense terredans tous les sens, et j'ai appris sa langue. Lehasard m'y a mis en contact avec les plus terriblesfléaux qui la ravagent périodiquement, etavec quelques hommes dont la pensée étaitnoble et l'attitude généreuse. L'impression quej'en ai reçue a été profonde et douce : je ne croispas pouvoir l'oublier jamais. J'ai essayé d'enfixer quelque chose dans ces pages, sans mepiquer, toutefois, de mettre dans mes souvenirsune belle ordonnance artificielle. On me pardonnera,je l'espère, d'avoir livré mes sensationsà peu près comme elles s'étaient juxtaposées[Pg vi]dans mon souvenir : intervenant le moinspossible dans la composition de ces notes, j'aipensé que l'image totale, pour être un peu floue,un peu grossie çà et là, et surtout incomplète,comme mon expérience même, n'en aurait queplus sûrement le caractère auquel je tiens leplus : la sincérité.
Aux enthousiastes qui ne rêvent que dessplendeurs moscovites, ce livre, je le crains,causera quelque dépit. Pourtant, il en est assez,chez nous, à cette heure, qui célèbrent la Russiedans ce qu'elle a de plus extérieur et de plusvain, pour qu'on permette à un voyageurmodeste d'avouer qu'il aime d'amour tendrece pays russe sans forme et sans couleur, uniquementparce qu'il y a vu des hommes quisouffrent, qui travaillent, qui espèrent, et dontle cœur est simple et bon.
Ce livre ne contient pas une ligne d'appréciationpolitique. Les trois ou quatre Français quiconnaissent à fond la Russie comprendrontaisément les motifs de mon abstention ; pourles autres, je juge honnête de les en avertir dès[Pg vii]la première page, sans croire, toutefois, lemoment opportun de m'en expliquer avec euxtout au long.
Bordeaux, avril 1895.
Ce livre a rencontré, jusqu'en Russie, unaccueil si flatteur, que je me serais fait scrupulede le modifier autrement qu'en y rectifiantquelques erreurs, ou en y supprimant quelquesmalentendus qui m'ont été signalés. Mon expériencede la Russie est bien plus grande aujourd'huiqu'en 1895, mais, comme le disait alorsun éminent critique russe, ce livre n'est, aprèstout, qu'une «préface» à d'autres études plusspéciales.
Dijon, 3 mars 1900.
Mai 1892.
En traversant les jolies et vertes vallées duWurttemberg, j'ai rencontré près de Stuttgart, uncélèbre écriva