LES MAITRES DE L'AMOUR
Deuxième Partie
FÉLICIA OU MES FREDAINES
texte intégral d'après l'exemplaire de l'édition de Londres (Liège), 1778,conservé à la Bibliothèque de Cassel
INTRODUCTION, ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE
PAR
GUILLAUME APOLLINAIRE
Ouvrage orné d'une Gravure hors texte
PARIS
BIBLIOTHÈQUE DES CURIEUX
4, RUE DE FURSTENBERG, 4
MCMXXI
Il a été tiré de cet ouvrage
10 exemplaires sur Japon Impérial
1 à 10
25 exemplaires sur papier d'Arches
(11 à 35)
Droits de reproduction réservéspour tous pays, y compris laSuède, la Norvège et le Danemark.
Mon Introduction au premier tome de l'Œuvre du chevalierAndrea de Nerciat[1] contenait la première biographie unpeu étendue du charmant écrivain dijonnais, en même tempsqu'une bibliographie raisonnée de ses ouvrages. Depuis lapublication de ce livre, quelques documents sont venus ajouterdes faits nouveaux propres à éclairer l'existence d'un écrivainsi peu connu; d'autres ont modifié mon opinion touchantcertains détails d'une vie très mouvementée. Je les consignetous ici, souhaitant qu'on me sache gré d'étudier cette figuresémillante, frivole et un peu équivoque, ce personnage singulieret délicieux qui semble danser un pas oublié, à travers lesdernières années du dix-huitième siècle, à travers toute l'Europe,à travers Paris même, au moment de la Révolution et jusqu'auseuil du XIXe sièclequ'il ne devait pas connaître, ayant été lui-mêmele représentant le plus caractéristique de ces Françaisinternationaux dont la grâce civilisa les deux Mondes sous lesrègnes du Bien-Aimé et de Louis XVI.
[1] L'Œuvre du chevalier Andrea de Nerciatcontenant une œuvreentière, des documents nouveaux et des pièces inédites concernantla vie d'Andrea de Nerciat. Paris, Bibliothèque des Curieux, MCMX,1 vol. in-8o, 7 50.
La Note placée à la page 15 de ma première Introduction etrelative à l'arrivée du chevalier André-Robert Andrea deNerciat à Cassel, en 1780, était ainsi conçue:
«Je pense qu'Andrea de Nerciat venait de se marier. Safemme mourut probablement en couches, en 1782. Quoi qu'ilen soit, le chevalier se remaria en 1788.»
Il y a un mystère que je n'ai pu pénétrer touchant le mariagede Nerciat. Peut-être s'est-il marié deux fois, il est plus probablequ'il avait enlevé sa femme. Étant sa maîtresse, elle luidonna un fils à Cassel en 1782; peut-être encore était-il enAllemagne avec une maîtresse qu'il y laissa. En tout cas, il semaria l'année suivante, 1783, à Paris, en l'église Saint-Eustache,et, pensé-je, avec celle qui avait été sa compagne enAllemagne.
Page 29, je citais un document manuscrit conservé à laLandes Bibliothek de Cassel et qui relate la n