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« feruiteur de Sainct Maixant »
(1591)
Monsievr, defpuis vous auoir efcrit par le Sieur de fainct Romain,& vous auoir donné aduis de la mort de la Nouë & du Comte deMontgomery, ie me retiray auec mes trouppes à Nantes pour merafraifchir, fuyuant le mandement que Monfeigneur le Duc deMercure m’en auoit faict, tant par fes lettres que par le Sieur deGenlis, la Motte, qui me vint trouuer, expres au Chafteau deNubourg, où i’auois mené le fils du Millord Honfedõ, que nousprinfmes prifonnier au dernier rẽcontre. La Royne d’Angleterre àfaict grand’ inftance enuers le Roy de Nauarre, qu’il euft àemployer fes moyens pour mettre le fils dudit Millord en liberté,à quoy Mõfeigneur de Mercure ne veut entendre, quelquefupplication que le Roy de Nauarre luy en ait faicte, par fesdeputez: finon en rendant Mõfeigneur le Duc d’Elbeuf prifonnier àLoches, en pleine & entiere liberté. Ce q̃ ne pouuant faire le Royde Nauarre, s’excusãt qu’il eft entre les mains du Duc d’Efpernonqui tient du tout Loches à fa deuotion, Mõdit Seigneur n’eft pasrefolu de le deliurer qu’à bonnes enfeignes. Le Prince de Dõbesefchappé de la derniere deffaicte, s’eft retiré auec fort peu degẽs dãs Rẽnes, où il feroit biẽ toft affiegé, n’eftoit les forcesque mondit Seigneur de Mercure à enuoyé en l’armee de Monfeigneurle Duc de Mayẽne, fous la conduite du Sieur de S. Laurens:neantmoins il doit biẽ toft receuoir quatre mille hõmes du RoyCatholique, dont il a efté affeuré par Mõfieur le CõmãdeurMorceau, qui faict toute diligẽce pour leur acheminemẽt. Cepẽdantla Roine d’Angleterre aiãt enuoyé douze ou quinze cens Angloisfous la conduite du Millord Hauart en Bretaigne, lors qu’ellefçauoit q̃ mõdit Seigneur de Mercure eftoit defnué de forces pourles auoir enuoyees en Lorraine, arriuerent à Vitray, villediftante de Rẽnes de treize à quatorze lieuës, le 21.iour deSeptẽbre dernier, où ayãts feiourné douze iours pour ferafraifchir en intẽtion de fe venir ietter dans Rennes pourdefendre la ville, au cas que mõdit Sieur de Mercure les vintaffieger. Ce qu’eftant denoncé à mõdit Sieur, il refoluft d’ydonner ordre, & pour ceft effect m’efcriuit de faire rebroufferchemin à mes trouppes qui eftoyent de fix cẽs hommes de pied, pourme ioindre au Sieur d’Aradon, qui auoit 300.cheuaux. Ce qu’eftantfaict & ayans ioincts mõdit Sieur de Mercure pres Chafteau-bourg,nous eufmes aduis, que le ieune la Hunaudaye & le Millord Hauart,auec leurs trouppes, qui pouuoyent faire en tout douze cens hõmesde pied, & cinq cens cheuaux eftoyẽt partis de Vitray le4.d’Octobre, iour de S.Frãçois, & venoyent coucher à S.Iean furVilaine deux lieuës pres de Chafteau-bourg, fur le grand chemin deVitray à Rennes. Mondit Seigneur qui s’eftoit mis entre-deux, auecforces inegalles: car il n’auoit que huict cens hommes de pied, &quatre cens cheuaux, feit affembler fon Cõfeil pour deliberer s’ildeuoit combattre ou non. Le Marquis de Chauffein, Prince de grandeexpectation, remonftroit qu’il valloit mieux combattre que de feretirer, & qu’il failloit s’affeurer que Dieu leur affifteroit, &qu’il ne permettroit point que les ennemys euffent le deffus, quine pouuoyent auoir que cinq ou fix cens hommes d’auantage, & quefe retirer, mondit Seigneur ne le pouuoit faire, fans perte de fareputation. Le sieur d’Aradon au contraire remo nftroit combiẽ lesbatailles eftoyent incertaines, & qu’il valoit beaucoup mieuxceder vn peu, que de mettre en hazard vne telle Prouince que laBretaigne, qui feroit en danger de fe perdr