MÉMOIRES

DU MARÉCHAL MARMONT

DUC DE RAGUSE

DE 1792 À 1841

IMPRIMÉS SUR LE MANUSCRIT ORIGINAL DE L'AUTEUR

AVEC

LE PORTRAIT DU DUC DE REISCHSTADT

CELUI DU DUC DE RAGUSE
ET QUATRE FAC-SIMILE DE CHARLES X, DU DUC D'ANGOULÊME, DE L'EMPEREUR
NICOLAS ET DU DUC DE RAGUSE

DEUXIÈME ÉDITION


TOME CINQUIÈME



PARIS
PERROTIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR
41, RUE FONTAINE-MOLlÈRE, 41

L'éditeur se réserve tous droits de traduction et de reproduction.

1857



MÉMOIRES

DU MARÉCHAL

DUC DE RAGUSE




LIVRE SEIZIÈME


1813

Sommaire.--Situation et faiblesse de la grande armée après la campagnede Russie.--Organisation d'une nouvelle armée dite d'observation duMein.--Création des régiments provisoires.--Canonnière demarine.--Composition de l'armée du Mein.--Arrivée du duc de Raguse àMayence.--Composition du sixième corps, sous les ordres deMarmont.--Marche sur Dresde.--Combat de Wiessenfels.--Mort du ducd'Istrie.--Napoléon établit son quartier général àLutzen.--Reconnaissance de l'ennemi exécutée par le sixièmecorps.--Bataille de Lutzen 2 mai 1813.--Combats de nuit contre lacavalerie ennemie.--Danger que court le duc de Raguse.--Paroles del'Empereur.--Entrée de l'armée française à Dresde.

Je passai les mois de janvier et de février 1813 à soigner mesblessures, impatient de rentrer en campagne. Grâce à la force de montempérament, dès le mois de mai, je fus en état de partir. Après quinzejours passés à Châtillon, où j'arrêtai les travaux dont la suite devaitm'occuper d'une manière si grave et si importante, je me mis en routepour l'armée.

Les deux mois et demi passés à Paris et à la cour firent époque pourmoi. Étranger aux plaisirs et aux splendeurs de ce séjour, depuis neufans, je n'avais pas quitté les camps; et, sous le régime impérial, jen'avais habité la capitale que pendant six semaines environ et à troisreprises différentes, à l'époque du couronnement, en 1809, après la paixde Vienne, et à l'époque de la naissance du roi de Rome, avant d'allerprendre le commandement de l'armée de Portugal. Aussi, sur ce terrain,tout était neuf pour moi. La cour, encore brillante, présentaitcependant un horizon sombre à tous les yeux. La défection du corpsprussien d'York, indice effrayant de la situation des esprits, donnait àchacun le pressentiment de grands et de nouveaux malheurs. Et cependantla fortune est venue au secours du courage, et il n'a tenu qu'à Napoléonde rasseoir pour toujours sa puissance ébranlée; mais il devait secharger lui-même de se détruire et périr par un suicide politique.

Depuis plusieurs années, Napoléon, rappelant, autant qu'il le pouvait,dans les habitudes, les usages anciens de la cour de France, exigeaitque l'on vint à ses fêtes en habit habillé. L'intérêt des manufacturesservait de prétexte à cet usage singulier, imitation servile du passé.Rien n'était si extraordinaire que ce travestissement de soldats dont laparure était les cicatrices et l'air martial bien plus que la grâce etl'élégance. Je me fis faire de beaux habits pour me conformer à l'ordredonné, et ma manche ouverte, mon bras en écharpe et sans mouvement,faisaient ressortir ce que ce costume avait de bizarre.


Les historiens de la campagne de 1812 en Russie ont raconté sesdésastres avec trop de détails pour que, sans y avoir assisté, jem'occupe de les décrire. L'ouvrage de M. de Ségur porte avec lui laconviction et doit être placé en première ligne. J'ai pu juger, dans lacampagne suivan

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!