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biographies,
portraits, récits et légendes,
par
M. BATHILD BOUNIOL
TOME DEUXIÈME
PARIS
bray et retaux, libraires-éditeurs
82, rue bonaparte, 82.
1872
(Droits de traduction et de reproduction réservés.)
LES
RUES DE PARIS
«Il n’est guère d’époque dans l’histoire de France etdans l’histoire de l’Église, dit un judicieux écrivain,qui offre un spectacle plus désolant que celle où vécutGerson (le règne de Charles VI). Guerre étrangère etdiscordes civiles, un roi en démence, des princes armésles uns contre les autres, des populations décimées parla famine, ruinées par le pillage, écrasées de taxes etde contributions; l’Église partagée entre deux etquelque temps entre trois papes; l’Université mêléebruyamment aux troubles politiques et aux querellesreligieuses; la foi ébranlée; le sentiment de la justiceobscurci dans les âmes, partout les consciences troublées,les passions déchaînées, nulle part l’ordre et lapaix. Toute la vie de Gerson, toute son œuvre est dansces deux mots: «Pacifier et unir.» C’était le grandbesoin du temps; et s’il faut juger des hommes parleurs efforts plus encore que par leurs succès, nul n’aété plus grand, nul n’a mieux mérité de son siècle queGerson. Fut-il jamais en effet une vie plus remplie que[Pg 2]la sienne, jamais une âme plus droite et plus pure aumilieu de la corruption générale, plus ferme et plusintrépide au milieu des périls et des défaillances?»
Retracer longuement cette vie toutefois nous entraîneraittrop loin et d’ailleurs le récit n’aurait qu’unmédiocre intérêt pour un grand nombre de lecteurs, àla distance où nous sommes des évènements d’unepart, et de l’autre parce que les faits et les questionsqui passionnaient alors les esprits jusqu’à la fureurpour la plupart aujourd’hui ne pourraient que rencontrerl’indifférence. Disons donc seulement en peu depages ce que fut Gerson dont le nom sans nul doute,malgré le rôle considérable qu’il a joué de son temps,ne conserverait pas une si grande popularité, si celuiqui le porta n’était point l’auteur présumé de l’Imitationde Jésus-Christ, ce merveilleux volume dont Fontenellea dit que: «C’est le plus beau livre qui soit sorti de lamain des hommes puisque l’Évangile n’en vient pas.»
Gerson naquit en 1363 (14 décembre) à Gerson, petitvillage du diocèse de Rheims, près Réthel. Il étaitl’aîné de douze enfants que leur père, Arnulphe Charlier,et leur mère, Elisabeth Lachardenière, élevèrentavec une grande sollicitude et dans les sentiments de laplus vive piété. A l’âge de 14 ans, l’aîné des enfants,Jean Charlier, fut envoyé, en qualité de boursier, aucollége de Navarre à Paris; et, paraît-il, c’est alorsque, d’après un usage fort ré