ADIEU A LA FRANCE

SUR L'EMBARQUEMENT
DU SIEUR DE POUTRINCOURT
ET DE SON ÉQUIPAGE

faisant voile en la terre de Canadas
dicte la France Occidentalle
Le vingt-sixiesme de
May, 1606

Avec une lettre de l'Autheur, addressante à
Mademoiselle sa Mère.

PAR MARC L'ESCARBOT

Vervinois

A ROUEN,
De l'Imprimerie de Jean Petit.
Jouxte la copie Imprimée à la Rochelle,
1606





res que la saison du Printemps nous invite
A seillonner le dos de la vague Amphitrite,
Et kaler vers les lieux où Phoebus chaque jour
Va faire tout lassé son humide séjour,
Je veux ains que partir dire Adieu à la France
Celle qui m'a produit, et nourri dès l'enfance,
Adieu non pour tousjours, mais bien sous cet espoir
Qu'encores quelque jour je la pourray revoir.

A dieu donc douce mère, à dieu France amiable
A dieu de tous humains le séjour délectable;
A dieu riches palais, à dieu nobles citez
Dont l'aspect a mes yeux mille fois contentéz;
A dieu tours & clochers dont les pointes cornues
Avoisinans les cieux s'élèvent sur les nues:
Adieu prez émaillez d'un million de fleurs
Ravissans mes esprits de leur soüesves odeurs;
Adieu belles forests, à dieu larges campagnes,
A dieu encore à vous sourcilleuses montagnes:
Adieu costaux vineux, & superbes chasteaux;
A dieu honneur des champs; bleds, vins & gras troupeux
Et vous, ô ruisselets, fontaines et rivières,
Qui m'avez délecté en cent mille manières,
Et mille fois charmé au doux gazouillement
De vos brûlantes eaux, à dieu semblablement;
Nous allons sous l'espoir d'une bonne fortune
Combattans la fureur du tempestueux Neptune
Pour parvenir aux lieux où d'une ample moisson
Se présente aux Chrestiens une belle saison.

O combien se prépare & d'honneur & de gloire
Et à jamais sera louable la mémoire.
A ceux-là qui poussez de sainte intention
Auront le bel object de cette ambition
Les peuples à jamais béniront l'entreprise
Des autheurs d'un tel bien: & d'une plume apprise
A graver dans l'airain de l'immortalité
J'en laisserai mémoire à la postérité.

DE MONTS tu es celui de qui le haut courage
A tracé le chemin à un si grand ouvrage;
Et pource de ton nom malgré l'effort des ans
La fueille verdoira d'un éternel printemps.
Que si en ce devoir que j'ai desja tracé,
Je veux de ton mérite exalter la louange
Sur l'Esquille, & le Nil, & la Seine, & le Gange,
Et faire l'univers bruire de ton renom,
Si bien qu'en tout endroit on révère ton nom
Mais je ne pourrai pas faire de Roy mémoire,
Qu'à la suite de ce je ne couche en l'histoire
Celui duquel ayant cognu la probité:
Le sens & la valeur & la fidelité,
Tu l'as digne trouvé à qui ta lieutenance
Fust seurement commise en la nouvelle France
Pour te servir d'Hercule & soulager le faix
Que se surchargeroit au dessein que tu en fais.

POUTRINCOURT, c'est donc toi qui as touché mon am

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