Ces articles ont été publiés à diversesépoquesdans diverses revues, et l'auteur se proposaitde les revoir et de les compléter. ÉmileHennequin, qui avait à un haut degré le respectde son talent et le respect du livre, n'auraitcertainement pas consenti à former unvolume d'études plus ou moins hétérogènes,qu'il n'y a pas de raison péremptoire pour réunirsous un même titre, et qui ne constituent pasun ensemble comme les Écrivains francisés.Soucieux de conserver tout ce qu'a produit cerare esprit, nous n'avons pas cru devoir nouslaisser arrêter par les considérations qui l'auraientarrêté lui-même, et il nous a sembléque, prise isolément, chacune des études quenous présentons aujourd'hui offrait un assezhaut intérêt pour honorer encore la mémoired'Émile Hennequin et pour entretenir les regretsde ceux qui ont vu disparaître avec luiune des plus belles intelligences et l'un desplus purs talents de la jeune génération.
L'Éditeur.
Le style; mots, phrases, agrégats de phrases.Le style de Gustave Flaubert excelle par desmots justes, beaux et larges, assemblés enphrases cohérentes, autonomes et rhythmées.
Le vocabulaire de Salammbô, de l'Éducationsentimentale, de la Tentation de saint Antoineest dénué de synonymes et, par suite, derépétitions;il abonde en série de mots analoguespropres à noter précisément toutes les nuancesd'une idée, à l'analyser en l'exprimant. Flaubertconnaît les termes techniques des matières dontil traite; dans Salammbô et la Tentation, leslangues anciennes, de l'hébreu au latin, aidentà désigner en paroles propres les objets et lesêtres. Sans cesse, en des phrases où l'on ne peutnoter les expressions cherchées et acquises, ils'efforce de dire chaque chose en une languequi l'enserre et la contient comme un contourune figure.
À cette dure précision de la langue, s'ajouteen certains livres et certains passages une extraordinairebeauté. Les paroles sollicitent les sensà tous les charmes; elles brillent comme despigments; elles sont chatoyantes comme desgemmes, lustrées comme des soies, entêtantescomme des parfums, bruissantes comme descymbales; et il en est qui, joignant à ces prestigesquelque noblesse ou un souci, figent lesémotions en phrases entièrement délicieuses:
Et ailleurs: