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[Transcriber's note: Madame de Montolieu (1751-1832)(Elisabeth-Jeanne-Pauline Polier de Bottens, puis Madame de Crousaz,puis Isabelle, baronne de Montolieu), Caroline de Lichtfieldou Mémoires extraits des papiers d'une famille prussienne,1786, édition de 1843]
Idole d'un coeur juste et passion du sage,
Amitié! que ton nom soutienne cet ouvrage;
Règne dans mes écrits ainsi que dans mon coeur;
Tu m'appris à connaître, à sentir le bonheur.
Rue Racine, 28, près de l'Odéon.
ou
Par Madame la Baronne
Nouvelle Edition.
1843
Il y a, ce me semble, beaucoup de présomption et de témérité àoffrir encore au public une nouvelle édition de cette Carolinede Lichtfield, déjà si connue, qu'elle ne présente plus aucunintérêt. Mais le succès soutenu de ce petit roman, qui n'arien de remarquable que sa morale et sa simplicité, et qui asurvécu à tant d'autres qui valaient sans doute beaucoupmieux; ce succès, dis-je, auquel j'étais loin de m'attendre,m'a toujours paru quelque chose de si singulier, de sisurnaturel, que j'ose encore espérer la continuation de cetétrange bonheur. Ceux qui ont protégé ma Caroline à sanaissance ne l'abandonneront pas à sa rentrée dans le monde.Les enfants de ceux qui l'honorèrent de leur suffrage lareliront peut-être avec plaisir; on daignera se souvenir quela cour alors voulut bien l'approuver, s'en amuser quelquesinstants, et peut-être voudra-t-elle aujourd'hui la protégerencore: dès lors je n'ai rien à craindre, et je présenteCaroline avec la douce espérance qu'elle sera bien reçue etqu'elle retrouvera les mêmes bontés, la même indulgence. LesFrançois ne sont point aussi légers qu'on se plaît à le dire;ils aiment toujours ce qu'ils ont aimé une fois; s'ils ontquelque temps perdu vue les objets de leur affection, ils lesretrouvent avec transport; et j'ose croire, j'ose espérer quele noble et vertueux Walstein, la bonne et sensible Caroline,Lindorf et Matilde leur plairont encore, quoique ce ne soientpas de nouvelles connaissances.
Lorsque Caroline fut imprimée le première fois, ce futvraiment sans mon aveu. Un de mes amis, homme de lettres,connu par la seule bonne traduction du célèbre roman deWerther, me demanda mon manuscrit, que j'avais écrituniquement pour amuser une vieille parente à qui je donnaistous mes soins, et je ne songeais pas à le publier. Il le fitimprimer sans me le dire et sans nom d'auteur, en ajoutantseulement au titre: Publié par le traducteur de Werther.Plusieurs personnes ont cru, d'après cela, que c'était moi quiavais traduit Werther, et je saisis cette occasion de détruirecette erreur: c'est M. George d'Eyverdun, l'ami dévoué ducélèbre Gibbon, dont il est tant question dans les Mémoires dece dernier (1) [(1) Voyez Mémoires de Gibbon, tome II, page402.], et j'étais alors cette madame de Crousas qu'il veutbien aussi nommer avec amitié. Il