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LES FILLEULES DE RUBENS

Histoire Flamande

Tome Premier

par

S. HENRY BERTHOUD

Bruxelles,
Librairie Allemande, Française et Étrangère
De Mayer et Flatau,
Rue de la Madeleine, 5

1849

CHAPITRE Ier.

MYNHEER BORREKENS.

Vers la fin du mois de juin de l'année 16.., au moment où les cloches del'église Notre-Dame d'Anvers sonnaient quatre heures du matin, un hommejeune encore entr'ouvrit les riches courtines qui fermaient son lit etsortit de sa chambre, en marchant avec précaution sur la pointe du pied.

Après avoir descendu un escalier dont les derniers ornements n'étaientpas encore tout-à-fait terminés, il entra dans une petite salle ou setrouvait une baignoire de marbre blanc rapportée d'Italie, et l'un deschefs-d'oeuvre les plus admirables de l'antiquité. Il jeta le manteauqui l'enveloppait, se plongea pendant quelques minutes, dans labaignoire pleine d'eau fraîche, et termina ensuite sa toilette avec unepromptitude qui n'excluait pourtant point les soins les plus minutieux.

Après quoi, il couvrit sa tête d'un feutre gris à larges bords et serendit à l'église voisine de Notre-Dame.

Quatre heures et demie sonnaient au moment où il franchissait le seuilde l'église, et où un prêtre montait à l'autel pour célébrer le saintsacrifice de la messe.

Le jeune homme s'agenouilla humblement sur les dalles, au milieu de lafoule, se signa dévotement et pria avec ferveur pendant toute la duréede la cérémonie catholique. Après quoi, il se releva, n'oublia point detremper ses doigts dans l'eau du bénitier et reprit le chemin de sonlogis.

Chemin faisant, il rencontra une pauvre femme qui s'en revenait, commelui, de la messe. Enveloppée de sa cape noire, d'une grande propreté,quoique usée et raccommodée en plusieurs endroits, elle tenait par lamain deux petits enfants; on lisait, rien que dans l'allure de cettefemme, une misère honnête.

—Vous avez là un beau garçon bien éveillé, dit le jeune homme à lafemme.

—Un pauvre orphelin! répondit-elle en soupirant. J'ai perdu mon mari ily a un an.

Et la douleur lui fit, sans qu'elle s'en aperçût, accélérerconvulsivement le pas pendant quelques secondes.

—Que la volonté de Dieu soit faite! ajouta-t-elle avec une résignationqui se trouvait plus dans ses paroles que dans son coeur. Si j'étaisseule à souffrir, je ne me plaindrais point, mais ces deux pauvresinnocents!…

Elle s'interrompit et se remit à marcher avec vitesse, car des larmesremplissaient ses yeux, et ses sanglots étaient prêts à éclater.

Le jeune homme avait pris le petit garçon par la main.

—Demeures-tu bien loin d'ici? lui demanda-t-il en tapant sur sesgrosses joues roses.

—A la place de Meir, répondit ce petit garçon en regardant le beaucavalier si bravement vêtu, et qui portait à ses bottes des éperonsd'argent qui résonnaient d'une manière fort agréable pour l'oreille d'unbambin.

—Et comment te nommes-tu?

—Claes, mynheer.

—Eh bien! Claes, tu ne refuseras pas de ton compagnon de route ces deuxmorceaux de pain d'épice qui font si bon effet à la boutique devantlaquelle nous passons! Embrasse-moi, partage avec ta soeur, et aurevoir!

...

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