CORPS LÉGISLATIF.
Séance du 16 Pluviôse, an V.
Depuis trop long-temps le Directoire exécutif appelle votre attentionsur la situation actuelle des postes et messageries, et sollicite, enfaveur de ces établissemens d’utilité publique et particulière, desmoyens prompts et efficaces qui leur rendent et l’action et la vie.
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Ces services si intéressans pour les relations commerciales,industrielles et politiques, languissent dans un tel état dedésorganisation, qu’il fait presque désespérer de leur rétablissement.Chaque jour les ressorts qui les faisoient mouvoir se rouillent ets’usent par le défaut de mouvement; chaque instant fait craindrel’affaissement total de ce bel édifice.
Mais si c’est sur-tout sous les rapport de son utilité que nous devonsle considérer, c’est encore sous ses rapports avec nos finances. Toutle monde convient qu’avant 1790, et même 1792, c’étoit une des branchesles plus productives des revenus nationaux. Aujourd’hui leur produitse réduit à zéro, et depuis trois années le trésor public a été forcéde combler le déficit énorme qui a existé entre les recettes et lesdépenses. Cependant la commission des finances, après avoir sans doutebalancé les obstacles par la force de vos moyens, la nécessité del’entreprise par les avantages qui en résultoient, n’a pas craint devous promettre de leur restauration, si vous l’opériez, un bénéficeannuel et fixe de douze millions.
C’est pour arriver à ce résultat que plusieurs projets vous ont étéprésentés, et qu’un rapport vous a été fait. Vous n’avez pas étécomplétement satisfaits des motifs ni des moyens qu’on vous a proposés,et vous avez renvoyé le tout à votre commission pour vous donnerun plan plus étendu, plus clair, plus précis et mieux adapté auxcirconstances et à l’état pénuriel de vos finances.
D’abord, peu d’accord entre eux sur les véritables causes qui ontproduit le dépérissement des trois services qui nous occupent, lesorateurs qui vous ont entretenus sur cet objet, ne l’ont pas étédavantage sur les moyens à adopter pour les sauver de leur ruine totale.
Les uns ont cru voir la cause du mal dans le systême 3révolutionnaire, qui a imprimé par-tout son cachet destructeur; lesautres, dans le mode même d’administration de ces établissemenspublics, mode qu’ils trouvent inconciliable avec l’ordre et l’économiequi doivent régir de semblables établissemens; d’autres enfin, croyantqu’il ne s’agissoit dans cette importante question que d’affairespersonnelles, et perdant de vue le but utile qui doit toujours fixerle législateur, vous ont beaucoup plus occupés des régisseurs que dusystême des régies en lui-même: ni les uns ni les autres n’ont remplivotre intention.
De cette divergence d’opinions et de motifs ou de préjugés, il en estcependant résulté un ensemble de vues et de considérations que j’aicru devoir analyser pour vous les soumettre, qui donnent lieu à unequestion sur laquelle vous allez avoir à prononcer.
Les services des postes et messageries resteront-ils en régie, ouseront-ils a