N se battait ferme etdru chez Dupin.
Surtout lorsqu'on avaitl'honneur d'appartenir àla 2ème compagnie montéede la "Contre-guérilla";compagnie commandée,s'il vous plaît, parun petit fils du maréchal Ney.
Fameux régiment que celui-là,je vous en donne ma parole,lecteurs!
Chez Dupin--comme nous disionsalors--on buvait sec, onfaisait ripaille et on se battait enenragés; ce qui faisait que MM.les Chinacos, nous avaient appliquéle gentil sobriquet de Diabloscolorados--ce qui voulaitdire "Diables rouges,"--s'ilvous plaît.--Ils avaient ma foi raisonde ne pas nous adorer, car nousleur rendions bien pareil compliment,et avec intérêts encore.
C'était au premier jour de février1866, si je me rappelle bien.Nous étions de passage à Montereyvenant de Matamoras eten route pour rejoindre la divisionDouay qui était campéesous les murs de San Luis dePotosi.
Notre escadron faisait escorteà un convoi de vivres. Commeles muletiers mexicains ne sontjamais pressés et que le trainn'avançait pas vite, j'avais demandéet obtenu la permissionde mon capitaine, de pouvoirdevancer le détachement d'unjour; et j'étais donc à Montereyvingt-quatre heures avant mes camarades.
Puisque j'ai tant fait que devous dire que je tenais à passerun jour à Monterey, autant vautfinir ma confidence, et vousavouer que les yeux noirs d'unesenorita étaient pour beaucoupdans cette décision prise à lahâte.
J'étais alors maréchal-de-logis-chefde mon escadron et jen'aurais voulu pour rien au monde,manquer l'occasion de donnerun coup de sabre qui auraitpu me valoir la contre épaulettede sous-lieutenant, alors l'objetde tous mes rêves.
J'arrivai donc au galop, envue de la Silla, et un quart d'heureplus tard, j'apprenais que l'objetde ma course au clocher étaitdepuis quelques jours à Salinasen visite chez une de ses parentes.
Jugez de mon désespoir!
Que faire?
Je tenais à voir mon Anita, etSalinas était à une distance dedix bonne lieues de Monterey.Je n'avais que vingt-quatre heuresd'avance, sur la colonne, etil m'était tout à fait impossiblede penser à faire 30 lieues en unjour sur mon cheval qui était déjàfatigué, et de pouvoir reprendreensuite la route avec mescompagnons d'armes.
J'étais furieux de ce contretemps,quand je me rappelaifort à propos que j'avais unecinquantaine de dollars dans mesgoussets. A Monterey, un bonmustang s'achète et se vend pourdeux onces d'or.
Je trouvai tout de suite un maquignonqui me fournit unemonture respectable pour vingt-cinqdollars et après avoir confiémon fidèle Pedro--mon cheval--ausoins du garçon d'écuriede l'hôtel San Fernando, jeme préparai à prendre la route deSalinas.
On me fit bien remarquer queles Chinacos avaient été vusdans les environs depuis quelquesjours, mais quand on est militaireet amoureux, on se moquede tout,--même des choses lesplus sérieuses.
J'étais donc décidé à tout braver,fatigues et Juaristes, pouravoir l'ineffable plaisir de contemplerpendant quelques instantsles yeux noirs de ma Novia.
Je plaçai de nouvelles capsulessur mes