L'ILLUSTRE
CORSAIRE,
TRAGICOMEDIE
DE MAIRET.

A PARIS,

Chez AUGUSTIN COURBÉ, Imprimeur
& Libraire de Monseigneur Frere du Roy, dans
la petite Salle du Palais, à la Palme.

M. DC. XXXX.

Avec Privilege de sa Majesté.

A MADAME,
MADAME
LA
DUCHESSE
D'ESGUILLON.

MADAME,

Il est constant que je vous ay des obligations infinies,& constant aussi que vostre Merite est infinimentau dessus de tous les Eloges que luy pourroitdonner une plume comme la mienne; l'une & l'autrede ces veritez connuës, vous doit faire croire aisément,que dans la liberté que je prends de vousadresser cette Epistre, je recherche bien moins la gloirede vous loüer, que je n'évite la honte d'estre blasméd'ingratitude; quoy qu'à dire vray, si j'en avois àrecevoir le reproche, je l'attendrois plustost de la bouchede mes ennemis, que de celle de vostre Grandeur,tant pource que sa Vertu ne fut jamais solicitée parces lasches motifs d'interest, ou de vanité, qui fontagir la plus-part de ceux qui sont en puissance d'obliger,que pource qu'il luy souvient rarement des gracesqu'elle a conferées, soit que la quantité ne luy permettepas d'en tenir compte, ou soit par un talent dememoire tout particulier, laquelle ne luy manque jamaisaux moindres occasions de faire du bien, & quisemble s'évanouïr immediatement apres le bienfait.Pleust à Dieu, MADAME, que les puissancesde mon esprit fussent d'aussi grande estenduë que cellesde ma volonté; il y a long-temps que des preuvesextraordinaires de tous les deux ensemble, vous auroientpour le moins asseurée que de toutes les qualitezqui regardent les bonnes mœurs, je n'en aypoint de plus entiere, ny qui revienne davantage à lanaturelle disposition de mon ame, que celle de la Reconnoissance.Mais il est vray que malgré les continuellessolicitations de mon Zele & de mon devoir,j'ay tousjours esté retenu par la crainte de vous lestesmoigner de mauvaise grace; estimant qu'en matierede remercimens & de loüanges, un silence respectueuxsied beaucoup mieux, qu'un Panegyriqueimparfait, & qu'une action de graces qui n'est pasbien proportionnée à la grandeur de son sujet. J'ayconceu neantmoins, & disposé le dessein d'une occupationd'esprit, aussi considerable pour la noblesse de samatiere, que pour la longueur de son travail; C'estlà que ma Muse s'efforcera de tout son pouvoir dereconnoistre comme elle doit, la generosité de ceux quil'ont obligée, & que par une raisonnable differencedes Bien-faicteurs & des Bien-faits, elle aura soinde relever avec ordre & mesure, le merite des uns &des autres: Jugez, MADAME, si le rang quevous tenez en son estime, ne luy doit pas estre uneregle, comme à vous une asseurance, de celuy qu'ellevous donnera dans son Ouvrage; En attendant treuvezbon, s'il vous plaist, qu'elle vous presente cettui-cy,qui fut assez heureux pour paroistre à Ruel avecune particuliere approbation de son Eminence; Jemets plustost cette circonstance pour luy donner quelquerecommandation aupres de vostre Esprit, quepour satisfaire à la vanité du mien: Il est vray quesi quelque chose me pouvoit rendre vain jusques àl'excez, ce seroit infailliblement l'estime d'un si grandHomme, qui m'en peut honnorer quelque jour enconsequence de la vostre; mais c'est un bien où je n'oseroisjamais pretendre, puis qu'il faudroit necessair

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